Mémoire vivante dans les hauteurs
Dans les sentiers brumeux des cirques de Cilaos, Salazie ou Mafate, le promeneur attentif perçoit plus qu’un paysage : il entre dans un monde de mémoire vivante.
Là-haut, loin du bitume et du bruit, les anciens ont préservé un savoir précieux : celui des remèdes naturels de La Réunion.
Les grand-mères de ces hauts, les “granmoun”, connaissent les vertus du zézé, une racine apaisante, et du bois de joli cœur…
Les gestes sacrés des anciens
…utilisé pour ses propriétés toniques.
Elles les cueillent au lever du jour, avec respect, comme on entre dans un temple.
Ces gestes simples, transmis oralement, appartiennent à un patrimoine immatériel que l’île dissimule encore dans ses replis.
Ces remèdes traditionnels créoles, à base de plantes endémiques ou acclimatées, répondent à des maux du quotidien : toux, douleurs articulaires, fièvres.
Redécouvrir un art de vivre
Loin des pharmacies, ces soins se composent en tisanes, macérations ou cataplasmes, dans une harmonie avec la nature que beaucoup ont oubliée.
Aujourd’hui, redécouvrir ces savoirs, c’est renouer avec un art de vivre où l’on écoute le corps, le climat, les cycles lunaires.
C’est aussi honorer ceux qui, sans diplôme mais avec une connaissance fine du vivant, ont su préserver ces trésors botaniques.
Envie de marcher sur leurs traces ? Dans le prochain article, je vous emmène à la rencontre des plantes médicinales de la Réunion, cueillies à flanc de montagne, au rythme des saisons et des récits.

À la rencontre des plantes médicinales de La Réunion
Sentiers, nature et savoir populaire
En gravissant les sentiers escarpés des hauts de l’île, on ne croise pas que des panoramas époustouflants.
On découvre surtout un monde végétal riche, façonné par les besoins du quotidien et la sagesse populaire.
Le bois maigre, excellent pour les troubles digestifs.
Le change-écorce, allié contre les douleurs musculaires.
Plantes créoles et gestes anciens
Le girofle pays, parfait pour apaiser les maux de dents.
Ces plantes médicinales des hauts de la Réunion font partie d’un héritage créole vivant, transmis avec soin et amour.
Chaque village a ses plantes fétiches, ses recettes, ses secrets murmurés.
Dans les cases, on suspend les bouquets de plantes séchées, on prépare des tisanes au feu de bois…
Respecter, ressentir, transmettre, écouter
…et l’on soigne avec ce que la nature offre.
Ce lien à la terre est profond.
Il mêle botanique, spiritualité, et observation attentive.
En découvrant ces plantes, on comprend qu’à La Réunion, se soigner c’est aussi écouter, respecter, ressentir.
Dans notre prochain texte, je vous invite à écouter les granmoun, gardiens de ces savoirs rares, dont les récits tissent les derniers fils d’un patrimoine en danger.

Les remèdes ancestraux et naturels .
Femmes, plantes et mémoire vivante
Dans les hauts de La Réunion, certaines femmes portent en elles les échos du passé.
Elles sont les gardiennes des remèdes oubliés, les guérisseuses silencieuses qui soignent avec des feuilles, des racines, des prières.
Leurs mains, tachées de plantes médicinales réunionnaises, racontent la terre, la pluie, les cycles lunaires.
Remèdes créoles au quotidien sacré
Elles préparent des tisanes de margose, des huiles de ravintsara, ou des bains de change écorce pour rééquilibrer les énergies et soulager les maux du quotidien.
Ces traditions ne sont pas figées : elles évoluent, se réinventent, mais gardent cette humilité propre aux hauts.
La plante est cueillie avec respect, jamais en excès, selon une logique de partage et de réciprocité.
Transmettre, écouter, soigner l’île
Aujourd’hui, des passionnés, des herboristes, des habitants des cirques s’engagent pour faire revivre ce patrimoine médicinal créole.
Ils organisent des balades botaniques, des ateliers de transmission, et rassemblent les récits des anciens.
Écouter ces voix, c’est rendre hommage à une médecine du lien, du temps long, du vivant.
C’est une invitation à venir découvrir autrement la Réunion — au rythme de ses sentiers, de ses plantes et de ses histoires oubliées.
